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Interview with Dutch Freedom Party leader Geert Wilders: The legacy of Pim Fortuyn - calls for halt to non Western immigration

September 3, 2006

http://www.politiqueinternationale.com/revue/article.php?id_revue=112&id=557&content=synopsis PAYS-BAS : LA TENTATION POPULISTE Entretien avec Geert Wilders, paru dans le n° 112, été 2006 (publié en juillet) de la revue Politique Internationale. Cet entretien a été conduit par Sabine Cessou (correspondante de Libération aux Pays-Bas)

Pour l'instant, cet électron libre ne représente que lui-même, en tant que député indépendant au Parlement. Geert Wilders, 42 ans, n'en incarne pas moins, à lui seul, le glissement à droite de l'opinion néerlandaise. Ses thèses, fortement inspirées par le mouvement populiste apparu en 2000 avec Pim Fortuyn, se sont diffusées dans la société et la classe politique. Elles se sont notamment traduites par l'extrême fermeté en matière d'immigration pratiquée depuis 2003 par Rita Verdonk, la ministre conservatrice de l'Intégration, membre du gouvernement de centre droit de Jan Peter Balkenende. Même si son Parti de la liberté ne remporte que quelques sièges lors des prochaines élections législatives, prévues pour mai 2007, Geert Wilders ne devrait pas perdre en influence. Avec ses questions au Parlement et ses mises en garde permanentes contre l'islam radical, il ne joue pas seulement son rôle d'opposant. Il est aussi devenu une sorte de conscience nationale ultra-conservatrice, porte-voix d'une opinion sceptique sur l'Europe, les dirigeants politiques et l'attitude à adopter face au terrorisme islamique. Geert Wilders a lui-même rompu, en septembre 2004, avec sa famille politique d'origine, le Parti pour la démocratie et la liberté (VVD, conservateur), qu'il juge trop «mou » et trop « centriste ».
Cet ancien rédacteur de discours a fait ses premières armes avec Frits Bolkestein, dont il a été l'assistant parlementaire à partir de 1990. Avant de devenir commissaire européen, de 1999 à 2004, Frits Bolkestein s'était fait remarquer chez lui pour sa défense des « valeurs néerlandaises » et ses critiques récurrentes du modèle multiculturel d'intégration des étrangers aux Pays-Bas (où vivent 700 000 ressortissants de pays non européens, soit 4 % de la population - un niveau qui passe à 1,6 million d'« allochtones non occidentaux » et 10 % de la population si l'on prend en compte les personnes naturalisées et la seconde génération de Turcs, Surinamiens et Marocains).
« L'islam est une religion arriérée, incompatible avec la démocratie », martèle Geert Wilders, qui marche ostensiblement dans les pas de Pim Fortuyn. Assassiné le 6 mai 2002 par un Néerlandais d'extrême gauche désireux d'« empêcher toute discrimination des musulmans aux Pays-Bas », Pim Fortuyn, un tribun efficace, critique inlassable de la « société multiculturelle », a laissé un capital politique que Wilders entend bien exploiter. Comme son prédécesseur, le député a résumé ses propositions pour un changement radical dans un livre intitulé Kies voor Vrijheid (Choisissez la liberté), paru en avril 2005. Quelques mois auparavant, en décembre 2004, il avait prononcé au Parlement une « déclaration d'indépendance » où il fustigeait

« l'élite qui gouverne mal ce pays et n'a pas encore tiré les leçons du meurtre de Pim Fortuyn ».

Il s'est également distingué, en 2005, en étant l'un des rares hommes politiques à mener campagne contre la Constitution européenne. Le « nee » de ses concitoyens - qui a recueilli 61,6 % des suffrages lors du référendum de juin 2005 - l'a renforcé dans ses positions.
Aux Pays-Bas, une telle ligne de conduite ne va pas sans risques. Les propos de Wilders sur la religion musulmane lui ont valu de figurer sur la liste des personnes à abattre dressée par les islamistes néerlandais. Une liste à prendre au sérieux : le 2 novembre 2004, le réalisateur Theo Van Gogh, auteur du film Soumission qui exprimait une critique virulente de l'islam obscurantiste, était assassiné en pleine rue par un jeune islamiste néerlando-marocain. Après le drame, Wilders a vécu pendant deux mois dans la clandestinité, sous la protection de l'armée, tout comme la députée conservatrice Ayaan Hirsi Ali, une jeune femme d'origine somalienne connue pour son combat contre l'islam et co-auteur du dernier film de Theo Van Gogh. La vie a repris son cours, mais le parlementaire est toujours protégé par plusieurs gardes du corps. Il dort chaque nuit dans un endroit différent et ne voit sa femme qu'une fois par semaine.
Au lendemain de la mort de Theo Van Gogh, sa popularité s'est envolée dans les sondages, atteignant 26 % d'intentions de vote. Depuis, sa cote est retombée à 9 % de sympathisants, mais Geert Wilders reste l'homme politique le plus cité par les médias néerlandais. Avec ses cheveux teints en blond platiné, il contraste avec l'uniformité de ceux qu'il appelle les « souris grises » du Parlement. Il veut s'imposer comme le leader fort auquel le pays aspire, lassé par la technocratie du pouvoir et des décennies de consensus. Pour l'heure, les différentes enquêtes d'opinion créditent son Parti pour la liberté (PVV http://www.geertwilders.nl/index.php?option=com_frontpage&Itemid=1), fondé le 24 février 2006 (1), de 2 à 8 sièges au Parlement (sur un total de 150) si des élections législatives devaient se tenir dans l'année (elles sont prévues pour le 15 mai 2007).
Conscient de l'enjeu, le député travaille son image. Il a accepté, en 2004, d'être le premier homme politique néerlandais à se prêter au jeu de la télé-réalité, laissant la chaîne régionale de sa province, le Limbourg, filmer sa vie quotidienne et recueillir ses confidences trois mois durant. L'émission, diffusée lors des fêtes de Noël, a été un franc succès. Censée traiter exclusivement de sa personne, elle lui a tout de même permis de répéter à satiété son slogan de campagne contre le traité constitutionnel européen : « Les Pays-Bas doivent perdurer. »
Sa stratégie politique tient en un mot : la provocation. Quand il propose d'adopter dans son pays la détention administrative, sur le modèle de celle qui est déjà en vigueur en Israël - une pratique contestée par Amnesty International parce qu'elle consiste à mettre en prison des suspects sans inculpation ni jugement -, Geert Wilders n'a d'autre objectif que de frapper les esprits. Début février, alors que le débat provoqué par les caricatures du quotidien danois Jylland-Posten ne faisait pas encore de vagues aux Pays-Bas, il a publié les dessins controversés sur son site internet. Dans les jours qui ont suivi, il a reçu quarante nouvelles menaces de mort...
Curieusement, ses détracteurs ne se font guère entendre sur la place publique. Seules quelques voix se sont élevées, dans la société civile, pour lui reprocher de constamment jeter de l'huile sur le feu. Abou Menebhi, président d'une association marocaine d'Amsterdam, estime qu'il « ne fait qu'augmenter les tensions inter-ethniques dans le pays ». En profitant du mécontentement engendré par les partis traditionnels, Geert Wilders exploite le même filon que l'extrême droite partout ailleurs en Europe. À cette différence près qu'aux Pays-Bas, où quatre partis néo-fascistes se disputent un électorat marginal (jamais plus de 7 % de voix), il ne se situe pas dans les extrêmes et reste un simple « conservateur ».

Sabine Cessou - Comment vous définissez-vous dans le paysage politique néerlandais ? Geert Wilders - J'appartiens à la droite conservatrice et je me suis donné pour mission de changer la façon dont on fait de la politique aujourd'hui. J'estime que dans de nombreux domaines - qu'il s'agisse de la société multiculturelle, des impôts, du nombre trop important de ministres au gouvernement, ou encore de la politique étrangère -, les Pays-Bas doivent radicalement évoluer. Peu importe que, après les législatives de 2007, je dispose de trois ou de vingt sièges au Parlement. Mon principal objectif consiste à ne faire aucune concession. À cause de notre mode de scrutin proportionnel, qui ne donne jamais une majorité claire au Parlement, ce sont toujours des coalitions de partis qui gouvernent. Or, pour travailler ensemble, ces partis doivent forcément faire des compromis. Eh bien, moi, je m'y refuse !
S. C. - Pour quelle raison ? G. W. - Il n'y a pas de solution au milieu de l'échiquier politique. Il nous faut une volonté politique forte, capable d'assumer des mesures qui risquent d'être impopulaires.
S. C. - Êtes-vous d'accord avec l'étiquette de « populiste » qui vous est souvent associée ? G. W. - Je ne suis pas populiste mais je n'ai pas honte d'être populaire [de toute façon "populiste" n'a pas de sens précis et en dit plus sur celui qui l'emploie que sur celui qu'il désigne, voir http://fr.liberpedia.org/Populiste + http://fr.liberpedia.org/Populisme , E.B.]. Et une chose est sûre : contrairement à la Liste Pim Fortuyn (LPF) - le parti estampillé « populiste » qui détient huit sièges au Parlement -, je ne ferai pas de compromis en acceptant de renoncer à des points essentiels de mon programme, comme la baisse des impôts sur le revenu, pour faire partie d'une coalition centriste.
S. C. - Vous considérez-vous comme un héritier de Pim Fortuyn ? G. W. - Non, Fortuyn n'a pas d'héritiers. Je le respecte énormément. Il a fait beaucoup de bien, spécialement par sa façon de communiquer avec les électeurs et d'envisager la politique.
S. C. - Qu'est-ce qui explique, selon vous, le succès rencontré par les idées de Pim Fortuyn ? G. W. - Un énorme fossé s'est creusé entre l'élite politique et de larges pans de l'électorat. L'an dernier, au Parlement, 130 députés sur 150 ont fait campagne en faveur du « oui » au projet de Traité constitutionnel européen. Et pourtant, comme vous le savez, les deux tiers de l'électorat ont voté non ! Ce décalage ne découle pas seulement de la politique conduite par la coalition au pouvoir. Sur des questions majeures, les Néerlandais ne se sentent pas représentés. Si Pim Fortuyn avait vécu, la LPF aurait fait beaucoup mieux.
S. C. - Vous dénoncez l'« islamisation de la société néerlandaise » et répétez que « les Pays-Bas sont pleins ». Pourquoi reprenez-vous sans cesse ces formules chocs popularisées par Pim Fortuyn ? G. W. - N'oubliez pas que j'ai été un député du VVD. J'ai commencé à travailler au Parlement en 1990 en tant que conseiller de Frits Bolkestein, lui aussi député du VVD. Bien avant Pim Fortuyn, Frits Bolkestein a été le premier à critiquer la société multiculturelle. J'ai été élu en 1998 ; dès décembre 1999, au cours d'un débat consacré au budget du ministère des Affaires étrangères, j'ai proposé une motion sur le danger que représente l'islam radical. Aux Pays-Bas, beaucoup de gens savent que je parlais des mêmes choses que Pim Fortuyn avant lui.
S. C. - Quelle leçon tirez-vous des attentats du 11 septembre 2001 ? G. W. - Quand j'ai commencé à mettre le Parlement en garde contre l'islam radical, bon nombre de mes collègues m'ont pris pour un fou. Avec Frits Bolkestein, j'ai voyagé en Iran, en Irak, aux États-Unis, en France... À Paris, j'ai d'ailleurs appris beaucoup de choses sur des pays que la France connaît mieux que nous, comme l'Algérie et le Maroc. C'est pourquoi j'avais une perception très aiguë du danger. Ma motion de décembre 1999 a été adoptée à une très courte majorité : une ou deux voix. Après le 11 Septembre, mes positions ont retenu plus d'attention. Mais aux Pays-Bas, nous n'avons pas le sens de l'urgence. Les attentats de New York et de Washington, puis ceux de Madrid et de Londres ont suscité un très grand émoi. Hélas, ce sentiment est retombé assez vite et la routine a repris le dessus.
S. C. - La menace terroriste est-elle sous-estimée ? G. W. - Oui et pas seulement par mes compatriotes. Elle l'est aussi, et surtout, par le gouvernement. Notre pays, voyez-vous, repose sur le consensus. Nous aimons être toujours d'accord les uns avec les autres. Si nous le pouvions, nous passerions toute l'année autour d'un sapin de Noël à chanter des cantiques en nous tenant par la main ! Dès qu'un événement désagréable survient, nous le cachons vite sous le tapis pour que la fête ne soit pas gâchée. C'est un réflexe qui vaut pour tout le monde. Et, malheureusement, l'élite au pouvoir n'échappe pas à cette attitude d'autruche ! Sans même parler des vrais terroristes, le simple « terrorisme de rue » pratiqué par de petits groupes de jeunes Marocains qui cassent des vitres de voitures à Amsterdam est un sujet que nos leaders ont du mal à aborder. On ne sait pas trop comment régir. Du coup, aucun de nos dirigeants ne le mentionne ! Et pourtant, je le répète, ce phénomène irrite profondément les citoyens...
S. C. - Le 10 mars dernier, des membres du groupe terroriste Hofstad, auquel appartenait Mohammed Bouyeri, le meurtrier de Theo Van Gogh, ont été condamnés à des peines de prison ferme (2). À l'énoncé du verdict, vous avez fait part de votre mécontentement. Pourquoi l'issue de ce procès ne vous a-t-elle pas satisfait ? G. W. - À l'exception d'un individu, qui a été condamné à quinze ans de prison ferme, les peines prononcées n'ont pas été sévères. Là encore, personne n'ose en parler - comme s'il était indécent, pour un député, de s'émouvoir d'un verdict trop clément rendu par une justice indépendante. Autre exemple : nos services secrets ont retranscrit des conversations échangées par des terroristes à propos de leur projet d'assassinat d'Ayaan Hirsi Ali et de moi-même. Le juge a estimé que ces documents n'étaient pas recevables... parce que les membres du groupe Hofstad ne savaient pas qu'ils étaient sur écoute et ignoraient que ces discussions seraient rendues publiques ! Pour qu'il y ait terrorisme, a dit le juge, le public doit avoir été mis en danger. Ce raisonnement absurde ressemble à celui d'une république bananière ! Ce procès passe pour un grand succès mais, en réalité, il est lamentable. Plusieurs membres du groupe Hofstad n'ont pas été punis en tant que terroristes. Or, sauf erreur, ceux qui veulent ma mort et celle d'Ayaan Hirsi Ali ne se sont pas armés pour braquer des banques, mais bien pour commettre des assassinats ! Ce verdict montre à quel point les Pays-Bas ont du mal à se confronter à l'islamisme radical...
S. C. - Ces dernières années, de nombreux présumés terroristes ont été acquittés faute de preuves. Mais une loi sur les « crimes terroristes », adoptée le 10 août 2004, n'a-t-elle pas modifié le Code pénal néerlandais pour punir plus sévèrement le recrutement pour le djihad et la « conspiration en vue de commettre des actes graves de terrorisme» ? G. W. - Il ne s'agit pas seulement de changer les lois, mais de faire évoluer l'attitude de l'élite politique. Après une visite en Israël, j'ai proposé d'intégrer dans notre législation la détention administrative pratiquée là-bas. Il est indéniable que nous avons besoin de lois plus dures. L'objectif du groupe Hofstad consistait à détruire notre État de droit, ce que nos responsables paraissent négliger ! Certains pensent qu'il faut respecter les droits de ceux qui nous attaquent car, sinon, nous deviendrons encore pires qu'eux. Mais n'oublions pas que ces gens se servent précisément du laxisme de notre État de droit pour mieux l'anéantir. Nous devons les combattre de toutes les façons légales possibles. « Le renard libre dans le poulailler libre », ça ne marchera jamais. C'est pourquoi il nous faut faire preuve d'une volonté politique ferme, comprendre l'urgence qu'il y a à agir et admettre, enfin, que nous sommes en guerre - une guerre beaucoup plus dangereuse qu'un conflit conventionnel. Si cette guerre n'a pas officiellement été déclarée, il n'en demeure pas moins que la société occidentale se trouve de facto plongée dans une lutte implacable contre des forces qui veulent sa perte.
S. C. - Êtes-vous choqué par le fait que, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, la CIA ait pu utiliser à sa guise des prisons secrètes en Europe de l'Est, comme la presse l'a révélé en novembre 2005, pour y détenir des talibans arrêtés en Afghanistan, de même que des membres présumés d'Al-Qaida ? G. W. - Il n'y a pas encore de preuves absolues sur ce dossier. Ce qui me choque davantage, c'est que si ces choses se sont vraiment produites sur notre territoire, nous ne l'ayons pas su ! Plus généralement, j'estime que nous autres Européens devrions élaborer nos propres lois pour combattre le terrorisme. Nous n'avons pas besoin des Américains pour décider d'appliquer la détention administrative. Au lieu de critiquer Washington, nous ferions mieux de nous regarder en face et de nous demander quelles sont les mesures à prendre.
S. C. - Si vous étiez au pouvoir, que feriez-vous contre l'islam radical ? G. W. - Je serais plus strict. Johan Remkes, le ministre de l'Intérieur, a reconnu l'existence d'une vingtaine de groupuscules terroristes aux Pays-Bas. Selon le gouvernement, une frange de 5 % de la population musulmane - 15 % selon d'autres sources - sympathise avec l'islam radical. Cette frange, située entre les cellules terroristes et la majorité des musulmans respectueux des lois et n'ayant rien à voir avec l'extrémisme, me paraît bien plus problématique que tout le reste. Demain, ces 10 000 à 30 000 personnes pourraient devenir agressives voire se mettre au service du terrorisme islamiste. Il faut combattre ce danger tout en luttant sans relâche contre la discrimination qui frappe les musulmans ordinaires. Ces derniers ne doivent pas payer le prix fort pour le petit groupe qui sème la pagaille aux Pays-Bas. Il faut aider ces gens, leur offrir la possibilité de s'intégrer, investir dans leur éducation, leur donner des emplois... Juste revers de la médaille : s'ils ne saisissent pas ces chances, nous devons nous montrer aussi durs que possible et les expulser. Chacun sait que c'est avec cette catégorie de personnes que nous pourrions avoir des problèmes à l'avenir, mais personne n'en parle ! Au lieu de se focaliser sur les nouveaux arrivants, nous ferions mieux de nous pencher sur l'énorme groupe qui est déjà là...
S. C. - Vos détracteurs vous reprochent de jeter de l'huile sur le feu en vous opposant constamment au port de la burqa, à la construction de grandes mosquées et à l'islam en général. Ne représentez-vous pas, vous-même, un facteur de radicalisation dans votre pays ? G. W. - J'opère dans le cadre de la démocratie. En tant que démocrate, j'accepte que mes motions soient rejetées. Certaines sont acceptées, comme celle contre la burqa, par exemple. Aujourd'hui, le politiquement correct est tellement prégnant et le consensus est tellement institutionnalisé que ma mission consiste à ouvrir des brèches. Or, aux Pays-Bas, il est impossible d'y parvenir en parlant à voix basse. Mes déclarations sont parfois brutales, mais c'est nécessaire car il n'y a pas d'autre moyen pour provoquer un débat au Parlement. Je n'ai aucune envie d'insulter les gens. Je pense seulement que nous avons des problèmes avec les musulmans, l'immigration, l'intégration, les imams, etc., et qu'il faut porter ces questions sur la place publique.
S. C. - Est-ce la raison pour laquelle vous avez publié sur votre site internet les fameuses caricatures danoises du prophète Mahomet ? G. W. - Non, je les ai publiées par solidarité avec les Danois et pour soutenir la liberté d'expression. Il me semble que nous sommes des lâches, en Europe, quand il s'agit de lutter pour nos propres droits. Toute cette affaire m'a mis très en colère. Les Danois ont été menacés ; dans certains pays, ils ont subi un boycott ; et les ambassadeurs des États arabes ont exigé du gouvernement de Copenhague qu'il modifie ses lois. Comment les dirigeants européens ont-ils réagi ? Eh bien, ils ont fait profil bas pour éviter de subir un sort comparable. Quand j'y repense, j'ai honte d'être européen. Nous n'avons rien fait ! Et La Haye n'a pas été plus à la hauteur que les autres. Notre ministre des Affaires étrangères, Ben Bot, est allé en février 2006 en Arabie saoudite - un pays qui ne sait même pas épeler les mots « droits de l'homme », « État de droit » ou « démocratie » ! Les Saoudiens se trouvent à des années-lumière de ces concepts. Là-bas, les intellectuels, les homosexuels, les gens ordinaires sont maltraités de toutes les manières imaginables. En Europe, les politiques ont affirmé qu'ils ne reculeraient pas sur la liberté d'expression... mais ils ont dit à ceux qui les conspuaient : « Nous comprenons que vous soyez en colère et nous essaierons de ne plus recommencer. » C'est honteux ! Au nom de quoi nous mettons-nous à genoux ? Si le monde arabe veut nous parler, qu'il vienne à nous ! Expliquons-lui comment les choses se passent ici ! Pourquoi aller dans ces régions parler à des gens qui n'ont pas la moindre idée de ce qu'est la démocratie ? Ben Bot a dû attendre une demi-journée avant d'être autorisé à parler au roi saoudien... Bref, nous acceptons d'être traités comme des enfants. C'est déplorable.
S. C. - Les diplomates ne font-ils pas tout leur possible pour éviter le « choc des civilisations » ? G. W. - Mais ce choc est déjà là ! Il faut le reconnaître, en tirer les conséquences et changer de politique. Nous avons trop peur d'affirmer qui nous sommes. J'ai proposé d'inscrire dans notre Constitution ce que les Allemands appellent la « Leitkultur », une culture dominante basée, chez nous, sur la chrétienté, le judaïsme et l'humanisme. Cette formule de « culture dominante » ne signifie pas que d'autres cultures ne sont pas les bienvenues, seulement qu'elles ne peuvent pas devenir dominantes. Ces notions de bon sens échappent à l'Europe. Le projet de Traité constitutionnel européen avait laissé planer le flou sur ces aspects culturels, car certains voudraient que la Turquie et d'autres pays encore intègrent l'UE. Et aux Pays-Bas, nous n'acceptons même pas d'inscrire qui nous sommes dans notre loi fondamentale ! La conclusion s'impose : nous ne sommes pas assez forts pour nous battre pour nos valeurs. Les mauvais régimes arabes sont les grands vainqueurs de la crise actuelle.
S. C. - Votre identité, justement, n'est-elle pas fondée sur la tolérance ? G. W. - Oui... mais la tolérance à l'égard des bonnes personnes. Nous sommes beaucoup trop tolérants. Nous devrions arrêter de l'être avec les intolérants. En fait, il est temps que nous nous montrions intolérants à leur égard ! Pas de liberté pour les ennemis de la liberté ! Il y a déjà quelques années, l'une de nos chaînes publiques a secrètement tourné dans des mosquées des imams en train de proférer des choses terribles : « Les amis de la démocratie sont les fils de Satan », ou bien : « Les homosexuels devraient être battus. » Et que pensez-vous qu'il s'est passé ? Rien du tout ! J'ai toujours dit que tant que nous n'agissons pas contre les intolérants, nous les renforçons. Pis : par cette attitude, nous affaiblissons tous les musulmans modérés. Le ministre de l'Intérieur a récemment déclaré que vingt mosquées, sur les cinq cents que compte le pays, étaient acquises à l'extrémisme musulman. Pourquoi ne pas les fermer demain ? Cette mesure rendrait un grand service aux 480 mosquées qui n'ont rien de radical, ne serait-ce que parce que l'opinion publique n'aurait pas tendance à généraliser et à confondre musulmans et islamistes. J'en reviens toujours au même appel : il faut agir. Au lendemain du meurtre de Theo Van Gogh, le premier ministre est allé parler aux musulmans modérés. C'est ridicule ! Nous n'avons pas de problèmes avec ces gens ; alors, pourquoi aller les rencontrer dans ces circonstances ? Le réflexe qu'a eu Jan Peter Balkenende est typique de notre classe politique : dès qu'il y a un problème, il faut que tout le monde se prenne par la main, et les problèmes disparaîtront d'eux-mêmes !
S. C. - Rita Verdonk, la ministre de l'Intégration, ne va-t-elle pas dans le sens de la fermeté que vous préconisez ? G. W. - J'ai beaucoup d'admiration pour elle. Avec Ayaan Hirsi Ali, elle est l'une des rares personnes du VVD avec lesquelles j'aie gardé de bonnes relations personnelles après mon départ du parti en 2004. Elle n'a pas peur de prendre des mesures impopulaires. Elle l'a encore montré il y a peu en refusant une procédure de naturalisation rapide au footballeur ivoirien Salomon Kalou, qui aurait aimé jouer dans notre équipe nationale lors de la Coupe du monde. Elle n'a pas hésité, non plus, à expulser une jeune lycéenne, Taida Pasic, revenue illégalement aux Pays-Bas après que sa famille eut accepté de retourner au Kosovo en touchant au passage une prime de départ de 7 000 euros. Rita Verdonk reste inflexible, malgré les critiques. Une réserve, cependant : elle se montre très stricte sur les demandeurs d'asile, mais bon nombre des lois qu'elle emploie avaient été adoptées avant qu'elle soit nommée ministre. Sur l'immigration, je trouve qu'elle ne va pas assez loin. Elle fait trop peu eu égard à l'ampleur du problème. L'immigration devrait être stoppée. Il n'empêche que je ne comprends pas pourquoi le VVD ne l'a pas choisie comme dirigeante. Les sondages indiquent qu'elle est plus populaire que tous les autres membres de ce parti.
S. C. - Ces quatre dernières années, l'immigration a fortement baissé tandis que l'émigration, elle, a augmenté. La moitié des gens qui quittent le pays sont des immigrés qui rentrent chez eux. L'autre moitié est composée de Néerlandais de souche. Croyez-vous qu'ils fuient l'atmosphère qui règne aux Pays-Bas aujourd'hui ? G. W. - Il est vrai que l'immigration a baissé de 25 % depuis 2003 ; mais il y a encore des dizaines de milliers de personnes qui arrivent chaque année. J'ai proposé un arrêt total de l'immigration non occidentale pendant cinq ans - non pas par xénophobie, mais pour prendre le temps de régler les problèmes que nous avons avec les immigrés turcs et marocains déjà présents. Les individus issus de ces communautés sont sur-représentés dans les statistiques concernant la criminalité, les violences conjugales ou encore la dépendance à l'égard des aides sociales. Quant à nos compatriotes qui quittent le pays, sachez qu'ils sont nombreux à m'écrire. Ces gens partent surtout des grandes villes. Une bonne partie d'entre eux sont en colère contre un gouvernement qui ne fait rien contre ce qui leur gâche la vie. Les Néerlandais ne sont pas racistes ou intolérants, mais pragmatiques. Quand les problèmes surviennent, ils veulent qu'ils soient réglés.
S. C. - Êtes-vous favorable à l'ouverture des frontières néerlandaises aux ressortissants des nouveaux pays membres de l'UE ? G. W. - J'y suis opposé. Nous ne sommes pas encore assez compétitifs. Comme notre voisin allemand ne les laisse pas facilement entrer, travailler et vivre chez lui, de nombreux Polonais vont se rabattre sur les Pays-Bas. Vous admettrez aisément que nous ne pouvons pas entrer en concurrence avec des travailleurs qui acceptent des salaires cinq fois moins élevés que les nôtres !
S. C. - Quel serait le bon modèle d'intégration, puisque l'idéal multiculturel est mort ? G. W. - Il faut, d'abord, jeter aux oubliettes l'idée de « relativisme culturel ». Nous devrions honnêtement nous demander ce qu'est notre culture, et affirmer sans hésiter que nous la préférons aux autres. D'ailleurs, les populations des pays arabes font de même chez elles. Il est temps de nous montrer plus stricts envers l'intégration - ou plutôt envers l'« assimilation ». Si vous portez la burqa, vous ne trouverez pas d'amis néerlandais et pas de travail. En dehors de la culture chrétienne, juive et humaniste, les autres personnes sont bienvenues si elles s'adaptent et vivent dans le respect de la loi, mais aussi de nos valeurs.
S. C. - Si vous voulez supprimer les écoles islamiques, n'est-il pas nécessaire, aussi, de supprimer les vestiges de la « pilarisation » (3), c'est-à-dire les écoles catholiques et protestantes ? G. W. - Notre identité repose sur ces piliers que sont la chrétienté, le judaïsme et l'humanisme, et nous n'avons jamais eu de problème d'extrémisme ici. Nous sommes plutôt les victimes du concept égalitaire. Je crois qu'il faudrait supprimer l'article 1 de notre Constitution, qui parle d'égalité. Pour une raison simple : si les choses ne sont pas égales, il ne faut pas les traiter de manière égale. Cette obsession de l'égalité empêche légalement de traiter les cultures différemment. Quand je dis qu'il faut stopper l'immigration non occidentale, on m'accuse de prôner la discrimination. Pour bien faire, il faudrait stopper toute immigration, celle des Occidentaux comprise, m'oppose-t-on. De même, lorsque je demande l'interdiction de la burqa, on me demande : et pourquoi pas la kippa ? Ces questions découlent du même syndrome égalitaire. Si vous avez des arguments pour dire que l'un n'est pas similaire à l'autre, que nous avons des problèmes avec les mosquées, mais pas avec les églises, des problèmes avec les écoles islamiques, mais pas avec les autres écoles confessionnelles, il faut les exposer. Et c'est ce que je fais. Pendant des décennies, des enfants ont grandi dans des écoles juives et sont devenus des membres à part entière de notre société. Ce n'est pas le cas avec l'islam.
S. C. - Maurits Berger, un chercheur de l'Institut de relations internationales Clingendael, suggère que les Néerlandais cessent de parler d'islam - un terme qui, d'après lui, est aujourd'hui utilisé pour englober des communautés très différentes... G. W. - C'est certainement l'une des remarques les plus stupides que j'aie jamais entendues ! Elle reflète ce consensus mou qui nous mine. Cette idée part sans doute de bonnes intentions, mais c'est exactement le contraire qu'il faut faire : il faut en parler, il faut regarder en face les problèmes auxquels nous sommes confrontés.
S. C. - Continuer d'appeler « allochtones » tous les immigrés, y compris ceux de la deuxième génération, qui sont nés et ont grandi aux Pays-Bas, n'est-ce pas les exclure d'office ? G. W. - Certains pays non occidentaux partagent nos valeurs, comme Israël. Les « allochtones non occidentaux » sont composés majoritairement de Turcs et de Marocains. Nous allons perdre notre identité si nous ne comprenons pas rapidement qu'ils sont différents de nous.
S. C. - N'est-il pas exagéré d'affirmer que vous risquez de perdre votre identité quand on sait que les allochtones non occidentaux ne représentent pas plus de 5 % de la population ? G. W. - Un million de musulmans représentent plus que 5 % de la population. Un million sur une population totale de seize millions, c'est beaucoup, et leur nombre augmente. Dans nos deux plus grandes villes, Amsterdam et Rotterdam, la majorité des moins de quinze ans est d'origine non occidentale. C'est très sérieux !
S. C. - Que vous inspire le projet gouvernemental visant à lancer un « centre pour le dialogue interculturel », estimé à 12 millions d'euros par an, qui vise à réunir les différentes cultures des Pays-Bas en se donnant comme priorité le Maroc et la Turquie ? G. W. - J'en ai des frissons dans le dos... Je ne suis pas contre le dialogue, mais l'institutionnalisation du dialogue est la dernière chose dont nous ayons besoin.
S. C. - Le vote allochtone, favorable aux Travaillistes, s'est avéré déterminant à Rotterdam lors des municipales du 7 mars 2006. Pourrait-il changer la donne lors des prochaines législatives ? G. W. - Oui, mais je crois que nous devrions modifier nos lois et ne pas permettre aux gens qui ne sont pas des Néerlandais de voter, même pour les municipales.
S. C. - Ce vote allochtone n'est-il pas néerlandais dans la mesure où il est exercé par des personnes qui possèdent la nationalité néerlandaise ? G. W. - À 50 % seulement ! Sur les 2,2 millions d'allochtones ayant voté lors des dernières municipales, le 7 mars, 1,1 million seulement voteront lors des législatives de 2007, parce que les non-Néerlandais résidant depuis plus de cinq ans aux Pays-Bas ont le droit de vote aux municipales, mais pas aux législatives. Ils ont voté à 80 % pour les Travaillistes du PVDA. Ce vote représente une force considérable ; le problème, c'est que les partis politiques se retrouvent, en quelque sorte, dépendants de cet électorat. Le nouveau leader du VVD, Mark Rutte, désireux de récupérer une partie des voix allochtones, a mentionné les Marocains dès les premières phrases de son tout premier discours de dirigeant. Fort sympathique... mais cette préoccupation indique que le VVD s'oriente nettement vers la gauche.
S. C. - Les résultats des législatives de 2007 seront-ils très différents de ceux des municipales de mars dernier, qui ont donné une nette longueur d'avance au PVDA (23,4 % des voix) face à l'Appel chrétien-démocrate (CDA) - le principal parti de la coalition au pouvoir -, qui a recueilli 16,9 % des suffrages ? G. W. - Le gouvernement actuel prend les bonnes décisions, mais les explique mal. Les socialistes y gagnent. Comme je viens de le dire, la plupart des partis évoluent vers le centre de l'échiquier politique. Les chrétiens-démocrates du CDA, eux aussi, veulent maintenant mettre l'accent sur le « social » et consacrer une partie importante du budget aux diverses allocations. C'est intéressant pour moi d'un point de vue politique, puisque leur recentrage me laisse plus de marge de manoeuvre ; mais, pour le pays, c'est triste. J'ai plus de respect pour le Parti socialiste (SP), très à gauche, que pour les partis du milieu. Échangez Mark Rutte contre Wouter Bos, le leader du PVDA, et vous n'y verrez que du feu ! Ils ont tous les deux bonne mine, ils se ressemblent et ils disent exactement les mêmes choses. Si, comme dans les pays anglo-saxons, nous avions seulement deux partis, ils seraient bien forcés de proposer des projets distincts et les gens pourraient opérer un vrai choix entre deux visions de la société...
S. C. - Pourquoi ne rejoignez-vous pas Marco Pastors, l'ancien maire adjoint de Rotterdam, membre du parti populiste local Leefbaar Rotterdam (LR) et ancien proche de Pim Fortuyn ? Ne vous a-t-il pas proposé de former un seul grand parti de droite ? G. W. - Nous verrons. Je ne pourrai pas rejoindre Marco Pastors seul. Il y a à Leefbaar et à la LPF pas mal de personnes avec lesquelles je ne prendrais même pas un café ! Avec leurs querelles intestines, ces gens ont dilapidé l'héritage de Pim Fortuyn tout en affaiblissant leur propre mouvement. J'apprécie leur pragmatisme, mais encore faudrait-il que nous partagions la même philosophie sur la question du compromis. À vrai dire, les chances que je les rejoigne ne sont pas énormes.
S. C. - Pourquoi avez-vous lancé votre Parti de la liberté, le 24 février dernier ? G. W. - Parce que la liberté me paraît menacée. La liberté d'expression, mais aussi la liberté d'accompagner ses enfants à l'école sans être agressé, la liberté de payer moins d'impôts... Nous nous préparons aux législatives de l'an prochain. J'ai des candidats à la députation et je sélectionne les meilleurs. Ils devront suivre une formation, non seulement en communication, mais aussi en théorie politique. Les dirigeants de mon parti doivent savoir qui est Alexis de Tocqueville ou Edmund Burke, et ne pas se contenter de sourire devant les caméras !
Notes :

(1) Le Parti pour la liberté (PVV) de Geert Wilders milite pour trois grandes réformes : moins d'impôts, de meilleures écoles et l'arrêt total de toute immigration « non occidentale ». Intitulé « plan pour un nouvel âge d'or », son programme économique consiste à réduire de 16 milliards d'euros la part du budget de l'État consacrée à l'Europe, à l'aide au développement et aux subventions versées aux médias, musées et opéras. L'objectif est de ramener de 41,45 % à 35 % le niveau moyen de l'impôt sur le revenu des particuliers. Ce programme a été élaboré par Bart Jan Spruyt, ancien directeur du centre de recherches indépendant Edmund Burke (http://www.burkestichting.nl/nl/welkom/index.html), un conservateur prêt à se présenter sous la bannière du PVV aux législatives de mai 2007.
(2) Le groupe Hofstad fait partie de la vingtaine de cellules islamistes actives aux Pays-Bas, selon le ministère de l'Intérieur. Le meurtre du cinéaste Theo Van Gogh, le 2 novembre 2004, par une tête pensante du groupe Hofstad a déclenché une rafle contre les membres présumés de ce réseau, déjà surveillé par les services secrets. Après quatre mois de procès, les peines prononcées le 10 mars 2006 contre neuf des quatorze inculpés devaient avoir valeur d'exemple : jusqu'à quinze ans de prison ferme. Le tribunal de La Haye a qualifié le groupe Hofstad d'organisation terroriste, tout en précisant qu'il n'était pas prouvé que son but principal consistait à commettre des attentats. Le tribunal a, par ailleurs, acquitté deux suspects inculpés pour entrave au travail des députés Geert Wilders et Ayaan Hirsi Ali, estimant que les menaces de mort qu'ils ont proférées contre ces deux personnalités ne l'ont été que dans le cadre de « conversations privées » - bien que ces conversations aient été interceptées par les services secrets.
(3) Caractéristique de la société néerlandaise, la « pilarisation » désigne les quatre zuilens (« piliers ») - protestant, catholique, social-démocrate et conservateur - sur lesquels le pays s'est construit à partir de la fin du siècle. Chaque groupe avait ses écoles, ses journaux, ses syndicats, ses partis et même ses hôpitaux. Un processus de « dépilarisation » a commencé dans les années 1960. Il a permis de décloisonner la société en rendant possibles, notamment, les mariages entre catholiques et protestants. La pilarisation a malgré tout laissé son empreinte sur la société, principalement sur le système scolaire et les syndicats.
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